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LA POUDRIÈRE DE BERLINCAN

Publié le 11/04/2017

La poudrière de Berlincan

Texte et image Fiche 20

Le mur d'enceinte côté Est.

Une des deux galeries.
A gauche, regard de ventilation

Venant de Bordeaux par la route départementale n° 6, après avoir traversé le bourg du Haillan, ce quartier d'Eysines promu commune en 1867,franchissant le ruisseau d'Hustin "frontière" naturelleavec Saint-Médard-en-Jalles, on parvient au lieu-ditBerlincan au niveau du rond-point aménagé, au cours du dernier trimestre 2005. Au centre de celui-ci, sur un piédestal, une oeuvre en matériau composite-carbone, conçue par SERVANT-ERMES symbolise "l'Homme et la Science en l'espace temps".

Entre ce carrefour circulaire desservant la zone industrielle de Berlincan et celui qui donne accès au centre commercial de Bordeaux-Ouest, se situent , à droite, dans un cadre verdoyant, outre une bâtisse en pierre, deux courts de tennis et un boulodrome gérés par l'Association Touristique Sportive et Culturelle des Administrations Financières(A.T.S.C.A.F.). Au fondde cet enclos où uneluxuriante végétation faits, écran aux lotissements et ensembles résidentiel siège depuis plus d'un siècle et demi, la poudrière de Berlincan. Ces terres appartenaient à la lin de l'Ancien Régime vrai- Une des deux galeries.semblablement au sel- A gauche, regard de ventilabongneur de Lamothe-Gajac, Gabriel de Basterot, conseiller au parlement de Bordeaux. Orthographié BERLINKAN en 1796, BERLINQUAN avec terminaison D ou T puis BERLINCANT en 1830-1850. Après la guerre de 1870-1871, la graphie employée était BERLINCAMP ou BERLINKANT avant d'être au début du XXe siècle simplifiée, en BERLINCAN utilisée de nos jours.

 

Lors de la séance du 26 décembre 1846, le maire Frédéric THEVENARD faisait part aux membres de son conseil municipal d'une correspondance émanant du directeur des contributions indirectes de Bordeaux, lui proposant l'achat d'un terrain d'une superficie avoisinant un hectare et demi pour l'implantation d'un maga-sin à poudre. Malgré quelques réticences évoquées (dangerosité de l'établissement engendrant une diminution de la valeur vénale des propriétés), le conseil municipal mandatait le premier magistrat pour mener à bien cette proposition.

 

L'administration susnommée envisagea donc, en mai 1847, la construction d'un magasin à poudre au lieu-dit Berlincan, sur un terrain communal jouxtant la route départementale Bordeaux-Lacanau et les propriétés des sieurs Jacques BAQUEY et Guillaume MARTIN. Après l'approbation des devis en mai et l'adjudication des travaux en août 1849, la construction de la poudrière fut réalisée l'année suivante comme en témoigne la date gravée sur la pierre maîtresse du sous-sol (7 bre 1850 c'est-à-dire septembre 1850).

 

D'aspect un tantinet forteresse, cette imposante et austère bâtisse rectangulaire aux murs fort épais, abrite une vaste salle d'une superficieavoisinant les deux centsmètres carrés. Sur cha-que longueur de celle-ci,sensiblement à deux mè-tres du sol, cinq ouvertu-res en arc plein cintred'un demi-mètre de rayonprotégées par des arma-tures métalliques et desgrillages à grosses mail-les, laissent choir quel-ques rais de lumière surun plancher grossier. Leplafond en briquettes,quelque peu détérioré,permet d'entrevoir unerobuste charpente façon-née. En cette salle s'effectuaient, jusqu'au lendemainde la Seconde Guerre mondiale, réceptions st manu-tentions des poudres de chasse en provenance despoudreries d'Angoulême et de Bergerac transitant parcelle de Saint-Médard, identifications, ensachages etordonnancements des commandes pour les armuriersde la région bordelaise. Par une trappe extérieure onpénétrait au sous-sol du bâtiment où la poudre étaitstockée. Deux larges galeries de pierre, voûtées, sé-parées par le soutènement central portant la date deconstruction de la poudrière, étaient munies de regardsde ventilation permettant le stockage optimal de lapoudre. L'ensemble de l'édifice était de surcroît proté-gé, au-delà des deux mètres par un mur d'enceinte, dehauteur fort respectable, hérissé de pointes en fer acé-rées et d'un réseau de barbelés. Sur ce mur sont enco-re visibles de nos jours deux paratonnerres sur les fa-ces sud-ouest et nord-est. La porte à deux battants, enfaçade sud, donnait accès à un vestibule où de part etd'autre de celui-ci se positionnaient deux guichets ré-servés aux transactions commerciales. La poudre dechasse était livrée par les entrepôts aux débitants(armuriers, dépôts divers, particuliers) en rouleaux re-vêtus d'une vignette indiquant l'espèce et le poids.Constituant un monopole, la vente des poudres à feu,prix fixé par la loi, était gérée par l'administration descontributions indirectes. Dans les années 1884-1888,en perspective d'extension, s'engagèrent des échan-ges épistolaires entre la municipalité de CharlesCHAUMEL et la Raffinerie nationale de Bordeaux. Leprix proposé par la commune (un franc le mètre carré)-étant jugé trop élevé par l'administration, non seule--ment les pourparlers furent interrompus et en avril 1890 la suppression de la poudrière semblait inéluctable. Il n'en fut cependant rien puisque, en juillet 1891, le maire Frédéric DELMESTRE, considérant l'impossibilité de laisser un magasin à poudre abandonné à la garde d'un seul employé, demandait au préfet de la Gironde, le renforcement du service de garde. A cette époque, le quartier de Berlincan n'était pas ce qu'il est aujourd'hui : le dénombrement de 1906 mentionnait quatre maisons, quatre ménages, seize individus dont un retraité, médaillé militaire, Victor François GETTE garde magasin...

 

Au cours de la Grande Guerre, un détachement en armes cantonna dans le corps du bâtiment parallèle à la route départementale, servant actuellement d'appartement de fonction au responsable des lieux.

L'inspection des contributions appelait, en septembre 1929, l'attention du maire Antonin LARROQUE "sur l'importance des explosifs entreposés dans la poudriè--re ainsi que sur les mesures de sécurité qu'il y aurait lieu de prendre contre les dangers éventuels d'incendie pouvant provenir de la forêt communale avoisinante"

 

.La poudrière de Beilincan fut au cours de la dernière guerre, vraisemblablement comme la poudrerie nationale, sous contrôle des troupes d'occupation. On ne peut affirmer qu'elle eut, durant cette période, un tant soit peu d'activité. Il fallut attendre la Libération pour revoir Cyprien MARTIN, citoyen du Haillan "adjudicataire" des transports de poudre, renouer jusque dans les années cinquante, avec les convoyages entre la poudrerie, la poudrière ou encore la gare avec, fonction oblige, beaucoup de discrétion et un mutisme obstiné. Puis la poudrière s'est tue.

 

Aussi afin de conserver ce patrimoine, la municipalité de Serge LAMAI-SON, lors de la séance du 30 mars 2004, a jugé opportun d'acquérir une partie du terrain mis en vente par I' Etat st sur lequel figure la poudrière de Berlincan qui ne fait, à ce jour, l'objet d'aucun projet bien défi-

 

La façade de la poudrière

Le paratonnerre au Nord-Est

A l'extérieur, la trappe d'accès

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